La vallée d'Ossau : d'Aüssaü Culture et Mémoire
LE CHEVALIER DE MAUCOR.
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n compulsant de vieux documents, relatifs aux Eaux-Chaudes, le nom du Chevalier de Maucor s’est présenté à mes yeux, à tout instant, pendant une des périodes de résurrection de cet établissement ; car, à plusieurs reprises, il a eu sa barbarie et sa renaissance.
Capitaine réformé du régiment royal Cantabre, le chevalier fut, par ordonnance rendue à Compiègne le 15 août 1763, nommé commandant dans la vallée d’Ossau
pour y « maintenir le bon ordre en tout temps, et principalement pendant la saison des Eaux, dites Eaux-Chaudes et Bonnes. »
Pendant l’espace de vingt-six ans, le Chevalier de Maucor se voua tout entier à la prospérité des Eaux-Chaudes.
C’est en grande partie à lui que l’on doit les premières constructions sous lesquelles se sont si longtemps abritées les sources, et qui, à cette époque remplacèrent les affreux cloaques dans lesquels elles venaient se perdre et croupir.
Dans des lettres de M. de Choiseul, alors ministre, de M. de L’Hôpital, du duc de Gramont, du maréchal de Mouchy, de l’intendant général de Laboullays, les plus grands éloges sont donnés au Chevalier de Maucor pour les services nombreux qu’il a rendus, et qu’il rend tous les jours aux Eaux-Chaudes.
Dans une, entre autres écrite en 1782, j’ai lu, et j’en extrais ces lignes :
« On se souviendra éternellement que votre zèle pour l’humanité a substitué des maisons commodes à de mauvaises et malsaines cabanes, pour y recueillir les infirmes qui viennent y chercher la cure de leurs maux... Seulement, je vous en prie, ne vous ruinez pas dans tous les travaux que vous y faites exécuter avec tant de désintéressement. »
Je ne connais en aucune façon la famille du Chevalier de Maucor, mais ma conscience me fait un devoir de rendre hommage à la mémoire d’un homme, dont on peut dire, d’après les titres irrécusables que j’ai eus dans les mains, qu’il fut véritablement le bienfaiteur, presque le fondateur des Eaux-Chaudes.
Dans des temps déjà bien éloignés, les malades et les touristes étaient, à ce qu’il paraît, gens beaucoup plus tapageurs et querelleurs que nous ; les routes, dans la vallée, étaient moins sûres qu’aujourd’hui ; en 1785, les deux compagnies détachées du régiment de Cambrésis pour « assurer la tranquillité aux Eaux-Bonnes et aux Eaux-Chaudes, » pour rendre les chemins libres, avaient fort à faire.
Une volumineuse correspondance, de nombreux procès verbaux dressés contre les turbulents et les malfaiteurs en font foi ; à diverses reprises même, on fut obligé de requérir à un supplément de force armée pour le maintien de l’ordre.
Aujourd’hui, c’est à peine si quelques rares gendarmes, détachés de brigades éloignées, viennent, à de longs intervalles faire une tournée qui suffit pour assurer, la tranquillité.
Ce contraste entre nos moeurs d’aujourd’hui et celles de nos pères, n’est pas à leur honneur.
— Ils étaient donc des diables, et nous sommes des moutons !
Sources AD. MOREAU.
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