La vallée d'Ossau : d'Aüssaü Culture et Mémoire
ÉTUDE THÉRAPEUTIQUE des Eaux Minérales d'Eaux-Chaudes d'Ossau 
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es Eaux minérales conseillées à propos deviennent un médicament aussi efficace qu'il est doux, agréable et d'une administration facile. Bordeu.
C'est au médecin inspecteur d'un Etablissement thermal qu'incombe particulièrement, dans l'intérêt de la santé générale, le devoir de faire connaître par
une publicité honnête et consciencieuse les propriétés thérapeutiques des sources minérales, dont on lui a confié la surveillance, la direction et l'application.
D'autre part, on s'occupe tellement et à juste titre, depuis ces dernières années, des maladies des femmes, et notre station balnéaire est si spéciale et si fréquentée pour le traitement de certaines de ces maladies, que l'attention doit être attirée sur l'application la plus correcte de nos sources, afin de leur conserver toute la valeur thérapeuthique qui résulte de leur bonne administration et ne pas les laisser déprécier par l'usage inopportun que l'on en peut faire en voulant les obliger à donner plus qu'elles ne peuvent et à guérir des maladies contre lesquelles elles sont impuissantes.
Le cercle de leurs attributions est certes assez étendu, leur mode d'action assez rare parmi les eaux minérales, pour qu'elles puissent rendre aux malades
des services qu'ils rechercheraient vainement auprès des stations thermales en apparence similaires dans leurs effets et qu'elles aient rien à leur envier sous ce rapport.
C'est à ces divers titres et pour me conformer aux obligations qu'ils imposent, que je livre au public ces quelques pages.
Je me propose uniquement, aujourd'hui, de fixer l'attention des malades et celle des praticiens sur une des principales propriétés thérapeutiques des sources
de l'Etablissement thermal d'Eaux-Chaudes d'Ossau en général et de la source de l'Esquirette en particulier En parlant des sources d'Eaux-Chaudes, j'ajouterai désormais,
d'après le conseilde M.le docteur Daran, de Pau, dont la juste renommée scientifique concourt si puissamment au succès de la station, le nom d'Ossau, que porte la vallée d'où sourdent les sources thermales, pour désigner la station minérale d'Eaux-Chaudes, dont le nom, paraissant s'appliquer indifféremment à toutes les eaux à température élevée, prête à l'équivoque et exige des explications pour les personnes à qui la station est inconnue.
Le village d'Eaux-Chaudes, situé dans la vallée d'Ossau, est un annexe de la commune de Laruns, arrondissement d'Oloron, département des Basses-Pyrénées.
Son altitude, au-dessus du niveau de la mer, est de 675 mètres.
« Jadis des chemins affreux, impraticables, et le défaut de moyens de locomotion convenables rendaient difficile l'accès de la station. Ce trajet, il y a de cela un peu plus de cent ans, valait bien l'ascension de l'un des plus abruptes monts. Cette haute muraille de rochers qui se dresse au Sud, au devant des voyageurs sortant de Laruns et où son oeil cherche en vain l'issue par laquelle le Gave a pu se frayer passage, il en fallait gravir l'escarpement par un simple sentier de mulets (il existe encore), rampe raide, taillée de biais dans le roc, puis redescendre dans la gorge du Hourat, au fond duquel mugit le torrent, par des escaliers étroits et sans parapets, contournant la roche à plus de 75 mètres de hauteur du Gave.
Cette marche aérienne et périlleuse se faisait d'ordinaire en recourant au service de grandes, fortes et belles ossaloises qui emportaient sur le col tous ceux qui se présentaient. Elles couraient d'une vitesse prodigieuse et sans rien craindre, tant il est vrai de dire que l'habitude rend tout aisé. » JUSTIN JOURDAN, Guide aux Pyrénées page 97
Aujourd'hui, une voie ferrée, de Pau à Laruns, relie Eaux-Chaudes au chef-lieu de son département et à Oloron son chef-lieu d'arrondissement. L'abord en est
devenu non seulement facile, mais commode et agréable. Une belle route très pittoresque, parfois creusée dans les rochers, longeant dans tout son parcours la
rive droite du Gave et pouvant donner passage à trois voitures de front, conduit les voyageurs de la station du chemin de fer de Laruns à Eaux-Chaudes en une
demi-heure, au moyen de voitures particulières ou d'omnibus, dont le service régulier correspond avec les heures de départ et d'arrivée des trains, au nombre
de trois par jour.
Eaux-Chaudes partage ces avantages avec Eaux-Bonnes.
Ces deux stations voisines sont, en outre, mises en relations quotidiennes par un autre service régulier d'omnibus, de telle sorte que les malades peuvent
ainsi profiter réciproquement, à l'occasion, du bénéfice des eaux de ces deux Établissements thermaux et des distractions agréables qu'y trouvent les baigneurs.
Eaux-Bonnes est destiné au traitement des maladies des voies respiratoires ; à Eaux-Chaudes, appartient le monopole du traitement des maladies utérines.
Chaque station thermale veut avoir son histoire et se glorifier de l'antiquité de ses sources ; non que cette antiquité rehausse leur efficacité, mais elle est un témoignage "consacré par le temps de leur incontestable valeur thérapeuthique ; car à toutes les époques, les eaux minérales ont été mises à contribution pour le rétablissement de la santé et l'on abandonne aisément celles qui sont reconnues inutiles malgré le bruit et l'éclat dont on peut les entourer pour en assurer la vogue.
La renommée de la station d'Eaux-Chaudes d'Ossau, dans la guérison d'un certain ordre de maladies et entre autres de celles de l'utérus et de ses annexes, n'est plus à faire. Elle repose sur plus de douze siècles de succès qu'elle ne doit qu'à la spécialité curative constatée de ses eaux et non à une publicité d'annonces ou littéraire. Des médecins ont fait, il est vrai, scientifiquement ressortir leurs propriétés, mais ces divers travaux
consciencieusement écrits par des hommes de talent et d'érudition n'ont pas été suffisamment répandus et mis à la portée du corps médical et du public.
Il serait difficile, impossible même, de fixer l'époque précise de la découverte des premières sources d'Eaux-Chaudes d'Ossau. Le cadre restreint tracé ne me permet pas de m'attarder aujourd'hui à cette recherche ou à la partie historique, je n'en dirai qu'un mot.
Les sources les plus anciennes, d'après la tradition, et celles dont parlent les premiers auteurs qui ont laissé quelques écrits sur Eaux-Chaudes, sont l'Esquirette, le Rey et Larressec. La découverte de la source Minvielle, date de 1778 ; celle du Clôt, de 1787 ; celle de Baudot, de 1821.
Scaliger le Jeune, croit que Pline l'Ancien, en fait mention dans le livre XXI, chapitre XI.
Ce qui est plus certain, c'est que Sanche Ier, roi d'Aragon, s'est rendu à Eaux-Chaudes, en 890, et que pour y perpétuer le souvenir de son séjour, l'une des sources reçut le nom sous lequel on la désigne encore aujourd'hui de Houn del Rey (source du Roy) ; qu'au
onzième siècle on y trouvait la princesse Talèze, femme de Gaston IV, souverain du Béarn, qui se baignait à la source de l'Esquirette, que l'on appela
longtemps Houn de Talèze. LE GUY DE LAVILLETTE : Notice sur l'histoire des Etablissements thermaux de la vallée d'Ossau, Pau 1856.
A la fin du quinzième et au commencement du seizième siècle, Eaux-Chaudes était le rendez-vous de la cour de Navarre et de la noblesse française.
Au mois de juin 1581, Henri IV y datait des mandements.
Marguerite de Valois et Catherine de Navarre en ont longtemps fait leur séjour de prédilection.
Dans son excellent journal d'Eaux-Bonnes, numéros 8, 9, 10, 11, 12, année 1884, M. le docteur Marcelin Cazeaux, médecin-consultant à Eaux-Bonnes, donne
connaissance à ses lecteurs d'un document curieux à lire et qu'il a retrouvé, dit-il, en consultant un manuscrit conservé à la bibliothèque nationale et provenant de la famille de Mesmes, dont un membre fut Chancelier de Navarre et dans lequel on trouve, après trois siècles, la description des lieux et l'exposé des vertus bienfaisantes des Eaux-Chaudes au seizième siècle, par un médecin des environs de Poitiers.
En 1854, l'impératrice Eugénie se baignait à l'Esquirette.
Aujourd'hui, cette station balnéaire est fréquentée par une société d'élite ; la colonie étrangère y est nombreuse. Les plus grands noms de la noblesse
française et étrangère et de la haute finance, s'inscrivent tous les ans sur les registres de l'Etablissement.
Les sources de la station d'Eaux-Chaudes d'Ossau, sont au nombre de sept, désignées sous les noms suivants :
L'Esquirette-Chaude.
L'Esquirette-Tempérée.
Le Clôt.
Le Rey.
Baudot.
Larressec.
Minvieille.
Chacune de ces sources, outre ses propriétés générales qui sont celles des sulfurées sodiques, possède une spécialité d'action sur certains groupes de maladies, comme je l'indique dans le tableau synoptique placé à la dernière page de ce travail, de telle sorte que le médecin a sous la main un clavier thérapeutique dont les ressources sont nombreuses et qui forme une sorte de gamme thermale, que l'on peut moduler selon le besoin des indications fournies
par l'étude des maladies et de leurs affections.
Elles offrent le double avantage de posséder des vertus thérapeutiques incontestables par leur composition et des températures appropriées à la nature du corps humain, ce qui permet aux malades de les boire immédiatement à leur sortie de la source sans qu'elles aient le temps de perdre la moindre de leurs propriétés et de se baigner sans qu'il soit nécessaire de les réchauffer ou refroidir artificiellement, à moins d'indications spéciales. La plus froide de ces sources, en effet, ne s'élève pas à plus de 11° 6o centigrades et la plus chaude ne dépasse pas 36° centigrades.
Le jaugeage des sources, pratiqué en 1847, par M. Jules-François de Neufchâteau, a donné pour résultat un débit de 135,3oo litres d'eau minérale par
vingt-quatre heures pour les seules sources de l'Esquirette, du Clôt et du Rey, plus particulièrement affectées aux bains et aux douches.
Quoique sulfurées, les sources d'Eaux-Chaudes d'Ossau sont, avec raison, réputées sédatives, calmantes et, à ce titre, employées avec avantage contre les
névralgies en général et dans le cas qui nous occupe, celles surtout résultant de la présence d'une maladie chronique de l'utérus ou de ses annexes.
On serait porté à croire, de prime abord, que l'élément sulfureux prédominant dans la composition chimique de ces eaux devrait être une contre indication de leur emploi dans ces diverses affections, mais, outre que le mode d'action des eaux minérales en général est encore très obscur et parfois incompréhensible, si l'on considère que les antispasmodiques le plus vulgairement employés, tels que le thé, le tilleul, l'eau de fleurs-d'oranger, les menthes, les sauges, les mélisses, etc., dirigés dans le but d'une médication sédative, sont des stimulants de la circulation capillaire, provoquent les sueurs et modifient les sécrétions des muqueuses, on comprendra plus aisément le mode d'action des agents sulfurés, diversement associés dans des proportions naturellement définies, administrées dans une certaine mesure thérapeutique, basée sur leur composition et l'expérience clinique, et l'on reconnaîtra la justesse de cet aphorisme : sanguis moderator mervorum.
Ne voyons-nous pas, en effet, les névralgies protéïques développées sous l'influence de l'anémie, de la chlorose, d'une débilitation organique persistante, disparaître par l'application d'un traitement hydro-sulfureuxréparateur qui, rendant au système sanguin la richesse et l'énergie qui lui font défaut,
active la circulation et rétablit ainsi entre elles et le système nerveux, l'harmonie physiologique ? Une médication ferrugineuse n'est pas toujours, on le sait, efficace ou suffisante dans ces maladies, alors que la médication sulfurée, activant la circulation générale, sollicite et relève l'énergie fonctionnelle des organes et des tissus et conduit généralement à une guérison plus prompte et plus durable.
Il n'est pas à dire pourtant que les sources d'Eaux-Chaudes d'Ossau soient infaillibles ou une panacée universelle ; mais il est incontestable que ces sources exceptionnelles et sans analogues dans leur régime, opèrent manifestement tous les jours sur les maladies de leur spécialité des effets parfois inespérés. Peu de stations thermales offrent dans les maladies qui nous occupent, des avantages semblables, si réels et si variés.
Outre les maladies de l'utérus et de ses annexes, dont il est question dans cet aperçu, et les affections nerveuses tributaires de certaines sources, on soigne à Eaux-Chaudes d'Ossau un nombre assez considérable de maladies, dont le traitement réclame généralement une médication sulfureuse. Tel est le rhumatisme partiel ou généralisé pour la guérison duquel les sources du Rey et du Clôt ont acquis une renommée telle, que beaucoup de malades atteints de cette affection, même à l'état aigu, se rendent à notre station sans avis préalable de leur médecin, et que les provinces espagnoles
limitrophes fournissent, depuis l'époque la plus reculée et sur la foi de la tradition, un nombreux contingent. Pendant très longtemps, la colonie la plus considérable se composait de rhumatisants.
En dehors de leur réputation bien acquise contre le rhumatisme, ces deux sources attirent encore aujourd'hui, que leurs propriétés ont été mieux étudiées et
sont mieux définies, les malades affectées de chlorose, d'anémie, d'aménorrhée, de dysménorrhée et autres troubles menstruels.
La source Baudot s'adresse aux bronchites chroniques, aux bronchorrhées, à la pneumonie chronique, à la phtisie pulmonaire commençante. On la prend
principalement en boisson et on n'a jamais remarqué, à l'encontre des eaux sulfureuses en général, qu'à la suite de son administration, les malades fussent obligés d'interrompre son usage pour cause d'hénioptisie, ou crachement de sang, ayant sa source dans les organes respiratoires.
Contrairement à l'opinion de quelques pathologistes, j'estime que l'hémoptisie provoquée par l'usage d'une eau minérale n'est jamais utile et toujours nuisible. On s'applique, en effet, dans certaines stations minérales, à éviter ces funestes accidents par l'administration modérée de l'eau sulfureuse, car l'expérience clinique a démontré les dangers de l'emploi mal dirigé de l'eau de ces sources. La source Baudot est jusqu'ici à l'abri de ce reproche et n'inspire pas de semblables craintes, ce qui, sous ce rapport, semble lui donner la prééminence sur l'usage de l'eau de certaines sources
sulfurées, conseillées dans les maladies des voies respiratoires. Dans l'intérêt des malades qui ont à redouter de semblables accidents, des études sérieuses devraient être faites dans le but de préciser l'action de l'eau de la source Baudot, dans les maladies de poitrine.
Larressec s'emploie en boisson et en lotions dans les manifestations extérieures du lymphatisme ou de la scrofule, dans les maladies des yeux, blépharite
ciliaire, kératite ulcéreuse ou parenchymateuse, engorgements ganglionnaires, angines, ostéo-périostites scrofuleuses, plaies atoniques des jambes, enfin dans les maladies cutanées. Bordeu l'avait en grande estime et l'appelait : Fontaine du salut.
La source Minvieille a une valeur réelle dans les maladies nerveuses du tube digestif : gastralgie, entéralgie, dans les migraines qui sont généralement, par
action réflexe, le retentissement si douloureux et si incommode de troubles digestifs.
Dans les maladies de la vessie, on obtient par fois des résultats inattendus, comme j'ai eu cette année l'occasion de m'en convaincre, au sujet d'une incontinence d'urine chez un malade venu à Eaux-Chaudes d'Ossau, en vue du traitement d'une affection gastrointestinale et qui se guérit par l'usage exclusif de l'eau de Minvielle de son incontinence, avant même la disparition de la maladie dont il cherchait la guérison.
L'action de l'eau de Minvielle sur certaines affections de la vessie, autres que les affections calculeuses, n'a pas été, que je sache du moins, constatée et je crois d'après quelques observations personnelles, qu'on pourrait en retirer de précieux avantages dans certaines formes de cystite du corps et du col et dans la cystalgie.
L'eau de Minvieille désulfurée, comme on la boit d'ordinaire, peut être mise en bouteille, supporte le transport et peut se conserver très longtemps. Un
échantillon d'épreuve est en réserve à la pharmacie de l'Etablissement thermal depuis plus de dix ans, dans un flacon scellé. L'eau a conservé toute sa limpidité première et n'offre pas la moindre trace de décomposition, sauf un dépôt brunâtre presque imperceptible, collé à la base du flacon, dépôt commun à toutes les eaux sulfureuses et attribué à la présence d'une quantité très minime de fer.
On utilise l'eau de Minvielle comme eau de table, et il est peu de malades, aujourd'hui, à Eaux-Chaudes d'Ossau, qui n'en fasse usage pendant son séjour.
Néanmoins, sa basse température, qui est à la source de 10° 60 centigrades, exige presque toujours d'être élevée à la température au moins de l'atmosphère
ambiante, si on veut éviter un refroidissement qui peut être nuisible aux fonctions digestives. On doit s'abstenir de faire usage de l'eau de cette source dans les affections des voies respiratoires, à moins de la mélanger au lait chaud ou à un sirop pectoral ou d'aconit, élevée à une température de 25 degrés au moins. Son extrême fraîcheur empêche qu'elle soit bue le corps étant en sueur.
J'insiste sur ces précautions à prendre à cause des accidents qui se produisent quelquefois à la suite d'imprudences commises par des malades.
Le climat est très doux, à Eaux-Chaudes d'Ossau, pendant l'époque de la : saison thermale, qui commence au Ier juin et se prolonge jusqu'au Ier octobre et même au-delà. Il est très recherché pendant l'été à cause de la température locale, qui oscille entre 17 et 20 degrés centigrades, entretenue par un courant d'air frais, particulier au site, brise légère et régulière qui « s'établit avec le soleil et disparait au moment où se
projettent les premières ombres du soir. » Ce privilège climatérique devient un aide puissant pour le traitement des malades.
Joignez à ces causes de salubrité, l'agrément d'une végétation luxuriante qui se confond avec la sublimité sauvage des montagnes verdoyantes de la vallée
d'Ossau, parcourue à chaque pas par d'innombrables et splendides cascades, dont la hauteur se perd dans la cime des monts, que domine majestueusement le
Pic-du-Midi d'Ossau, au sommet ravagé par la foudre et les frimats, puis viennent mêler leurs eaux bouillonnantes aux eaux torrentueuses du Gave d'Ossau de charmantes promenades sous bois et le long du Gave sur la route d'Eaux-Chaudes en Espagne, le précieux voisinage de la station d'Eaux-Bonnes ; les plaisirs que peuvent procurer la pêche à la truite, si renommée, dans le torrent et les lacs si nombreux, les belles chasses à l'ours et à l'izard, les ascensions,
la visite de la belle grotte d'Eaux-Chaudes ; des hôtels de premier ordre, des habitations commodes pour toutes les conditions, des salons paisibles où l'on
converse, des salons plus animés où l'on chante, où l'on danse, où l'on passe son temps sans ennui comme sans excès ; des salons de lecture, de fréquentes représentations théâtrales, données par la troupe d'Eaux-Bonnes, et vous aurez une idée encore incomplète de cette station thermale, qu'un de nos confrères du Midi, hydrologiste et chimiste distingué, appelle la coquette station d'Eaux-Chaudes.
Ici, il est vrai, on vit sans monotonie, dans le calme, le repos et la tranquillité d'esprit que réclame le genre de maladie qu'on y traite. On vient à Eaux-Chaudes pour y chercher sérieusement la santé, pour se guérir et s'éloigner des plaisirs bruyants qui surexcitent le système nerveux, jouir des bienfaits de
sa riche et belle nature et non pour y rechercher le bruit et les joies mondaines qui font le principal attrait de certaines stations et quelquefois aussi leur seul mérite.
L'établissement thermal d'Eaux-Chaudes d'Ossau est la propriété de la commune de Laruns. L'édifice qui contient trente-deux cabinets de bains, avec baignoires en marbre blanc de Gabas et tous les appareils balnéaires, indispensables aux divers usages hydrothérapeutiques, est un des plus beaux des
Pyrénées. Le premier captage des sources et la distribution des eaux ont été faits par M. l'ingénieur François de Neufchâteau, inspecteur général des Eaux thermales de France, inspecteur général des mines, actuellement en retraité, et dont le nom et le savoir sont une garantie de perfection dans ce genre de travaux.
Je termine cet avant-propos en faisant remarquer qu'en dehors de mon expérience personnelle dans la pratique thermale de la station d'Eaux-Chaudes d'Ossau, je me suis guidé d'après les opinions des hommes de savoir qui ont fait une étude sérieuse des propriétés des eaux de ces sources.
J'ajoute que j'emploierai aussi peu que possible les termes et le langage scientifique, afin de mettre ce travail à la portée de tous, et que j'essayerai, autant que faire se pourra, de garder la réserve qu'exige un sujet aussi délicat que je n'ai pas hésité pourtant à mettre sous les yeux du public à cause de son importance et des bienfaits que les malades peuvent retirer d'une médication que, dans leur intérêt, je considère comme un devoir de leur faire connaître.
Sources
- Docteur E.Jolieu, Etude thérapeutique des Eaux Minérales, d'Eaux-Chaudes d'Ossau, Imprimerie Régionale du Midi, Toulouse 1885.
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