La vallée d'Ossau : d'Aüssaü
Culture et Mémoire




LAS MODES D'OSSAU CAMBIADES.

Arrepic

Diu mé daü b'an cambiat hère
Las bieilles modes d'Aussaü,
Ta bédé mode nabère,
Nou caü plus courré ta Paü.

Couplet

Las hilhottes deü cantou,
Qu'an déchat lou coutillou,
Et qué pourtéran, bet leü,
Pienti, bounét, ou chapeü.

Aü loc dé cape flourade,
Dé sacot y capulet,
A la giraffle coueyfade
Cade gouye qué bédét.

Au loc dé pourta caücilles,
Présen dé quaüqué Pastou
A las, cames qu'an las filles
Bachs dé hioù ou dé coutou.

Aquéts bets jupous dé rase
Las bestes dé courdeillat,
E lous gilets heyts à case,
Tout aco qu'at an léchat.

Hélas ! lou temps quins arrode,
Non cambie pas lous rochers ;
Per qué caü dounc qué la mode,
Hasse ta tristes prougrès ?

Noustés superbés aulhes
Habillats coum lous roulliès,
Aü loc d'ésclops qu'an souliès,
Pantélous coum grénadiés.

Adioü la culotte courte,
Qui flattabe lou jarret,
La beste, labé qu'ey mourte.
Tan per tan qu'an lou berrét.

N'ey pas souléments dé peille
Qu'an cambiat dens nousté endrét.
Qu'és soun dats à la bouteille
Y qu'an amassai grand sét.

Ouey en tout loc qu'at bédét
Qu'ey lou mounde aü cabaret ;
Lou mendré pétit oubrè,
Que hourrupe lou café !

Aquère tan noble danse,
Lou branlé tan ayréyan,
Qu'a dat à la countredanse
L'haunou dé passa daban,

Lou paysàa, maü abisat,
Qué l'abést miey aboucat ;
Peü plasé dé pleytéja
Qu'és bénéré tout ço qui a.

Hélas ! la praübé ballée,
Qué cambie bit coum lou temps,
Dé harde, d'esprit, d'idée,
Qu'ey paü qué duré loung-temps.

Arrepic

Diou mé daü, b'an cambiat hère
Las bieilles modes d'Ossaü,
Ta bédé mode nabère,
Nou caü plus courré ta Pau.


Refrain

Mon Dieu ! elles ont bien changé.
Les vieilles modes d'Ossau !
Pour voir modes nouvelles
Il ne faut plus courir à Pau.

Couplet

Les jeunes filles du canton
Ont laissé le cotillon
Et elles porteront bientôt
Peigne, bonnet et chapeau.

A la place de cape fleurie,
De gousset et de capulet,
A la girafe coiffée
Chaque fille se fait voir.

Au lieu de porter des chaussettes
Présent de quelque berger,
Aux jambes portent les filles
Des bas de fil ou de coton.

Ces beaux jupons de laine
Les vestes de bure,
Et les gilets faits maison,
Tout cela on à laissé.

Hélas ! le temps qui nous ronge
Ne change pas les rochers ;
Pourquoi faut-il donc que la mode,
Fasse de si tristes progrès !

Nos superbes Pasteurs
Habillés comme des rouliers,
Au lieu de sabots ont des souliers,
Des pantalons comme des grenadiers.

Adieu la culotte courte,
Qui flattait le jarret,
La veste, elle aussi, est morte,
A grand peine s'ils ont encore le béret.

Ce n'est pas seulement d'habit
Qu'on a changé dans notre endroit,
Ils se sont adonnés à la bouteille
Et ils ont amassé grand soif.

Aujourd'hui partout vous les voyez
Les gens sont au cabaret.
Le moindre petit ouvrier
Aspire bruyamment son café.

Cette si noble danse,
Le branle si aérien,
A cédé à la contredanse
L'honneur de passer devant lui.

Le paysan, mal avisé,
Vous l'avez moitié avocat,
Pour le plaisir de plaider
Il vendrait tout ce qu'il a.

Hélas ! la pauvre vallée
Change juste comme le temps
D'habits, d'esprit et d'idée,
Et j'ai peur que cela dure longtemps

Refrain

Mon Dieu combien elles ont changé
Les vieilles modes d'Ossau ;
Pour voir des modes nouvelles,
Il ne faut plus courir à Pau .

puce Sources
  • F.De LABORDE, 1801-1854.
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