Lou loung d'aquére ayguette
Pastou deü bourdalat
Em aüréts bist soulette
Per capsus ou capbat
La mèy bère anesquette
De tout lou mé clédat ?

Ere qu'en ère bère
E jouenne coum l'amou
Dé la rose nabère
Qu'en abè la frescou
Nou jamey sus la terre
Nou bin tà bère flou.

Chens trabes ni cadéne
La léchabi praübet
Dessus acére penne
Pèche lou sarpoulet
Mes, hélàs ! quine peine
Quan me soy bist soulet !

Si l'ingrate fourtunade
L'am rabéch per jamey
De la bite impourtune
Nat cas jou qué nou hèy
Et dens moun infourtune
Dé mouri qu'aymi mèy.

Le long de cette eau (ruisseau)
Bergers du hameau
N'auriez-vous pas vu, seulette,
Par en haut ou en bas,
L'agnelette la plus belle
De tout mon enclos ?

Elle était belle
Et jeune comme la fleur.
De la rose nouvelle
Elle avait la fraîcheur.
Non jamais sur la terre
On ne vit si belle fleur.

Sans entrave et sans chaîne
Je la laissais, pauvret,
Sur cette cime
Paître le serpolet
Mais, hélas, quelle peine.
Quand je me suis vu seul !

Si l'ingrate fortune
Me la ravit pour toujours
De la vie importune
Je ne fais aucun cas
Et dans mon infortune
Je préfère mourir.