Les portes de la vallée d'Ossau

   La ressource traditionnelle de la vallée est le pastoralisme. Son produit phare, le fromage pur brebis dit "Laruns" atteint des sommets de finesse et de raffinement. Nous avons détaillé sa technique de fabrication, toujours artisanale, dans notre page gastronomique.

Quelques images typiques de l'activité traditionnelle : la transhumance qui voit le bétail rejoindre les estives de montagne après les mois d'hiver.
Le fromage dont la croûte ne provient que de la salaison au sel de Salies-de-Béarn.
Le cujala(a) où le soir venu les bergers (aulhès) rassemblent les brebis (aulhes) afin de les traire.

Le département est actuellement la première zone pastorale de France.
En Béarn, trois vallées portent au sommet cette activité et les visiter est presque un commandement tant elles sont somptueuses : Aspe, Barétous et Ossau accueillent chaque année en été berger et troupeaux lors de la fameuse transhumance.
De juin à septembre, on compte 140 bergers et leurs troupeaux qui rejoignent les hauts pâturages à plus de 1 000 mètres d'altitude.
La pratique est ancestrale et demeure vivace ! De fait, le pastoralisme rythme la vie de la montagne béarnaise, qu'elle contribue à entretenir. Et durant cette période des estives, le fameux fromage éponyme est fabriqué.
Identifié à travers la marque fromage d'estive, il est la preuve d'un savoir-faire traversant lui aussi les générations. La rareté et l'excellence de ce bijou aux petits goûts de serpolet, réglisse et autres richesses de la flore de montagne en font un mets fabuleux, fidèle à la tradition séculaire.
Celle-ci comprend la traite manuelle, la fabrication en chaudron, l'égouttage aux aiguilles, le salage à sec mais également l'affinage en cave durant 4 à 5 mois. Il n'est pas le seul et de cette activité, les fruits s'exportent partout : le fromage de brebis, la viande bovine de race gasconne...
Le traité de la junte de Roncal, Pax avant, " la paix d'abord ", plus vieux traité de paix, signé en 1375 et encore en vigueur en Europe, établit un accord entre les habitants de la vallée de Barétous et leurs voisins espagnols de la vallée de Roncal.
Il faut dire que depuis 6 000 ans voire 7000 ans, les chemins du pastoralisme sont suivis par les ovins et les cuyalaas, cabanes de berger en pleine montagne, sont parfois de vrais trésors du patrimoine.

      La sylviculture

   Outre l'agriculture, la sylviculture offre des revenus importants à certaines communes (conifères et hêtres). La surface boisée de la commune de Laruns est l'une des plus vastes de France. Les forêts ossaloise furent utilisées pour la mâture royale au XVII^e et XVIII^e siècle.

Les conifères des forêts de la vallée furent exploités pour la construction
des mâts des vaisseaux de la marine royale.

La forêt, qui couvre aujourd'hui en vallée d'Ossau 19.000 ha, fut exploitée par l'homme dès le néolithique, à l'époque où celui-ci avait besoin de terres pour pratiquer l'élevage et l'agriculture. Toutes les essences d'arbres ont trouvé progressivement leur utilité : le chêne et le hêtre pour la menuiserie, l'ébénisterie et le chauffage, le sapin pour la charpente, le frêne pour les manches d'outils et les râteliers, le buis pour les chapelets, boutons, peignes et pommeaux de cannes, le tilleul pour les sabots, le houx pour la glu, le noisetier pour les cannes, le châtaignier pour les piquets de clôture...
— Les besoins en bois de marine au XVIII^e siècle ont profondément modifié la forêt pyrénéenne en prélevant quantité de beaux sapins pour la mâture ainsi que des bois "courbes et courbants". Des vestiges de chemins de la mâture sont encore visibles.
Il en est de même pour la fabrication du charbon, nécessaire à l'alimentation des forges pour le traitement des minerais, réalisé à l'aide de meules ou, plus tard, de fours cylindriques en tôles.
Nombre de taillis de hêtres sont aujourd'hui le résultat d'importantes coupes rases effectuées par les charbonniers et dans lesquels on retrouve de vieilles plates-formes. La hache et le passe-partout ont longtemps été les outils privilégiés du bûcheron, avant l'arrivée de la scie mécanique (tronçonneuse) vers 1930.
— Les bois étaient autrefois tirés par des boeufs ou lancés dans des thalwegs (au prix de nombreuses vies humaines). Au début du XX^e siècle une technique novatrice venue d'Italie, le débardage par câble, fit son apparition avec la réputation des établissements Lombardi basés à Arudy.
Suspendus à un câble, les arbres pouvaient ainsi franchir de longues distances (13 km : c'est la distance record en forêt de Laruns).
— Les scieries se trouvaient au plus proche de la ressource, parfois même au pied de la forêt. Tournant à l'énergie hydraulique, on les appelait des "moulins à scie". L'affouage permet encore aujourd'hui (sous certaines conditions) aux habitants de se procurer dans la forêt communale les besoins en bois du foyer.
Une importante activité autour de la forêt et du bois existait autrefois et la forêt a longtemps été la principale source de revenus de beaucoup de communes de la vallée.
— Aujourd'hui, malgré les progrès de la mécanisation et le développement des routes et pistes forestières, le contexte économique a changé et d'autres enjeux sont apparus. Il ne reste plus qu'une seule scierie dans la vallée, à Laruns (quartier Geteu).

     Le secteur secondaire

   La vallée est aussi marquée par une certaine tradition industrielle, en particulier dans sa partie basse (métallurgie et carrière de marbre à Arudy).

Carrière de marbre blanc en vallée d'Ossau.

   A partir des années vingt, le réseau hydrographique de la haute vallée fut choisi par la Compagnie des chemins de fer du midi pour la production d'électricité. Le courant produit à Artouste, Miégebat et à l'usine du Hourat servait à l'alimentation des lignes jusqu'à Saint-Pierre des Corps.
   Une seconde phase de travaux commence après la seconde guerre mondiale (Bious, Fabrèges).

Vue de la centrale hydroélectrique du Hourat

Au pied du col de Pourtalet, le lac artificiel de Fabrèges soutenu par un barrage achevé dans les années cinquante.

     Le tourisme

   C'est à partir du XIX^e siècle que le tourisme devient l'une des ressources essentielles de la vallée.
    Le second Empire et la Belle Époque marquent le triomphe du thermalisme et les stations des Eaux-Bonnes et des Eaux-Chaudes attirent une clientèle nationale et internationale aisée.
     Ce sont aussi les débuts du Pyrénéisme avec ses figures locales, tel le guide Lanusse, ancien guide de l'impératrice (Eugénie de Montijo, épouse de Napoléon III) ou Jacques Orteig, "l'animal des Eaux-Bonnes" pour René Arripe.

Les Eaux-Bonnes et les Eaux-Chaudes.

    La vallée vit aussi le lancement du ski dans les Pyrénées. Henri Sallenave accomplit la première descente sur les pentes du plateau du Bénou début novembre 1903.
     Les Eaux-Bonnes organisèrent le premier Concours international de ski des Pyrénées les 15 et 16 février 1908 et le deuxième, en présence d'Alphonse XIII, le roi d'Espagne, les 20 et 21 février 1909.

Télécabines 10 places de Bézou.

Travaux de déneigement sur la voie du petit train d' Artouste.

   L'homme et la nature

    L'ours figure sur le blason de la vallée et constitue l'une des racines étymologiques probables de son nom. Le pays d'Ossau était désigné "Ursisaltus", la vallée des ours, dès le Moyen-Âge.

    La vallée d'Ossau est avec la vallée d'Aspe la dernière vallée pyrénéenne à avoir conservé (et d'une certaine manière su conserver) des individus de la race autochtone.

Pour en savoir plus...


Une photo exclusive du plantigrade.

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